Aux portes de la commune éponyme, le domaine constitue avec elle ce qu’il reste du rêve porté par le Cardinal de Richelieu lorsque, à l’apogée de sa gloire et de sa puissance, il y fait ériger un château digne de son ministère.
Comme plus tard Louis XIV à Versailles, le Cardinal-duc y fait construire toutes les installations nécessaires au fonctionnement de ce qui prend bientôt les proportions d’une petite ville, et dont on peut encore admirer les vestiges dans le parc : l’entrée d’honneur, l’ancien manège aux chevaux appelé Le Dôme, les caves et l’orangerie. L’ancien système hydraulique très perfectionné est encore aujourd’hui en partie visible grâce au tracé des canaux.
Le domaine s’élève sur les terres où Richelieu a passé sa prime enfance. En 1631, Louis XIII dont il est le fidèle premier ministre, fait ériger ce qui n’est alors que sa seigneurie en duché. Le cardinal entreprend d’y faire bâtir son château. Le domaine, qui comportait à l’époque un petit castel ainsi que plusieurs dépendances voit s’ériger un ensemble monumental sous la direction de l’architecte du roi, Jacques Lemercier, resté célèbre pour avoir construit la Chapelle de la Sorbonne ou l’Oratoire du Louvre. La construction du château prend fin en 1642, sans que le cardinal, mort quelques mois plus tôt ait pu voir l’aboutissement de son rêve.
Ce château est alors le plus grand de France avant Versailles !
Après la Révolution en 1793, le duc de Richelieu son descendant, émigre à Saint-Pétersbourg. Ses biens sont confisqués, le château vidé des œuvres d’art et du mobilier somptueux qu’il abrite. Certains objets sont vendus, d’autres cédés aux musées qui commencent à ouvrir. Aujourd’hui, on les admire au Louvre, à Versailles ou dans les Musées des Beaux-arts de Tours et d’Orléans.
Lorsqu’en 1804, le domaine est restitué par Napoléon ler aux héritiers du cardinal, ceux-ci récupèrent un bien qui n’a plus rien à voir avec ce que leur illustre ancêtre avait mis sur pied. Le domaine, très endommagé, est plus tard acheté par le marchand de biens Alexandre Bontron, qui, c’est hélas tristement commun à l’époque, utilise le château comme véritable carrière de pierre. Il morcèle également le parc, dont il vend une partie à Monsieur Laurence en 1852. Ce dernier y fait construire une grande demeure, surnommée aujourd’hui le Pavillon du Plessis.
En 1877, le domaine revient à la famille de Richelieu grâce à Michel Heine, banquier parisien et beau-père du 7ème duc de Richelieu, qui entreprend alors de le remettre en état. Le dernier duc de Richelieu, mort sans descendance, légua en 1930 le Domaine à l’Université de Paris, en souvenir du Cardinal, proviseur et grand restaurateur de la Sorbonne.
Aujourd’hui propriété de la Chancellerie des Universités de Paris, le domaine est composé d’une vaste forêt, de canaux, d’un parc, des vestiges du château de Richelieu et de rares édifices : l’hémicycle d’honneur, le pavillon du manège (dit le « Dôme »), la plateforme du château, l’orangerie et la grotte de Bacchus. Ces éléments, qui témoignent de la grandeur de ce qui fût, sont protégés au titre des monuments historiques.
Construit sur l’idée d’une ville idéale, le domaine se couple à la ville de Richelieu afin de former un ensemble harmonieux et reflétant la conception de l’action politique qu’avait le Duc cardinal.
Des architectes et paysagistes tels que Jacques Lemercier ou encore les frères Brühler ont contribué à ériger et faire perdurer cette volonté de domaine idéal.